18 novembre 2020
Depuis 2018, Caritas Suisse met en œuvre l'approche « École Bleue » du Consortium suisse pour l'eau et l'assainissement au Cambodge. Elle contribue au développement et à l'utilisation correcte d'installations durables d'eau potable et d'assainissement, ainsi qu'à l'application de bonnes pratiques d'hygiène. L'intégration du projet dans un projet communautaire de réduction des risques de catastrophe a permis de mieux sensibiliser les écoliers aux liens entre l'eau, la santé, l'assainissement, l'environnement et les risques liés au changement climatique. La sensibilisation des écoliers et des communautés à l'importance du lavage des mains a également aidé ces dernières à faire face à la pandémie de COVID-19.
Le manque d'eau potable et d'assainissement demeure un problème dans les écoles primaires cambodgiennes. 301 écoles cambodgiennes ne répondent même pas aux normes minimales de l'approche trois étoiles du gouvernement, ce qui signifie qu'elles sont dépourvues d'installations sanitaires et de lavage des mains. Des maladies liées à l'hygiène, comme la diarrhée, les maladies respiratoires, les infestations parasitaires et les caries, en sont les conséquences. Le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux : éliminer la défécation à l'air libre dans les écoles primaires d'ici 2023.
Le projet pilote « École bleue » de Caritas Suisse a débuté en 2018 et se déroule dans la province de Banteay Meanchey, au nord-ouest du Cambodge. Si les responsables provinciaux soutiennent fortement les interventions liées à l'EAH, mobiliser des fonds publics pour une action concertée reste un défi majeur. Dans ce contexte, implication des représentants du ministère de l'Éducation De même, l’alignement de l’approche de l’École Bleue sur les normes nationales a été crucial pour soutenir la durabilité à long terme des activités du projet.
Après seulement deux ans, les neuf écoles pilotes ont réussi à intégrer l'approche « École bleue » à leurs programmes scolaires annuels et ont obtenu au moins deux étoiles, conformément à la démarche « trois étoiles » du gouvernement. Les enseignements tirés de la phase pilote sont désormais intégrés et appliqués dans l'établissement. troisième phase du Consortium suisse pour l'eau et l'assainissement, au profit de 45 écoles bleues au CambodgeQuelques-unes des principales leçons apprises sont résumées ci-dessous.
Infrastructures d’assainissement – Construire sur l’existant
Dans le cadre du projet École Bleue cambodgienne, les infrastructures sanitaires ont été adaptées aux besoins de chaque établissement. Dans la mesure du possible, les toilettes et les lavabos existants ont été réhabilités. L'un des enseignements tirés est qu'il n'est pas toujours nécessaire de construire de nouvelles infrastructures. Les infrastructures plus anciennes, mais toujours fonctionnelles, peuvent être réhabilitées. Dans la phase actuelle, 29 écoles sont ciblées pour la construction ou la rénovation d'installations sanitaires, la deuxième phase de construction débutant au printemps 2021 pour 19 autres écoles.
Concevoir intelligemment et de manière inclusive
Pour la conception des nouvelles toilettes, le projet a utilisé un concept fonctionnel et inclusif développé par BORDA, l'Agence de développement de Brême, prenant en compte les besoins des enfants handicapés. Selon l'équipe du projet, un ratio d'une toilette pour 50 garçons et 50 filles a été jugé suffisant dans le contexte local. Les lavabos ont été construits de manière à ce que les enfants doivent passer devant avant de sortir.
Créer des formations de groupe régulières sur les bonnes pratiques d'hygiène
Les bonnes pratiques d'hygiène et d'assainissement, notamment le lavage des mains à l'eau et au savon, ainsi que l'utilisation et l'entretien corrects des latrines et des urinoirs, sont abordées dans le Kit Écoles Bleues, qui propose aux enseignants divers exercices pratiques adaptés à chaque tranche d'âge. Afin de rappeler aux élèves l'importance du lavage régulier des mains, les écoles pilotes cambodgiennes ont décidé d'intégrer des activités hebdomadaires de lavage des mains en groupe au programme scolaire. Les enseignants constatent ainsi que les élèves ont pris l'habitude de se laver les mains avant chaque collation ou repas et après être allés aux toilettes.
« Mon école est ma deuxième maison. J'y apprends beaucoup, par exemple comment nettoyer mes toilettes et me laver les mains, ou encore comment réduire et réutiliser mes déchets. »
Kaing Sonory, une élève de 11 ans de l'école primaire de Rohat Toek
L'importance des installations de lavage des mains dans la lutte contre la COVID-19
Face au COVID-19, les installations de lavage des mains ont reçu supplémentaire attention et lutinAu Cambodge, le gouvernement a développé Des directives pour les écoles, qui, outre le port du masque, mettent également l'accent sur l'utilisation du savon et le lavage régulier des mains. Les élèves et les communautés ont été sensibilisés aux bonnes pratiques d'hygiène et savent que le lavage régulier des mains au savon est l'une des pratiques les plus efficaces pour prévenir les infections.
Groupe de planification et de conformité du nettoyage des toilettes
Les directeurs d'école et les enseignants ont constaté que l'élaboration d'un calendrier simple de nettoyage des toilettes, affiché bien en vue sur un mur des sanitaires, améliorerait considérablement le respect du plan de nettoyage. Une autre innovation du projet a été la création d'un « groupe de conformité », chargé de surveiller l'efficacité du fonctionnement et de l'entretien des toilettes. Ce même mécanisme est également utilisé pour le lavage des mains en groupe et les activités de jardinage scolaire.
La participation communautaire soutient l'entretien et la protection des installations sanitaires
Dans le cadre des projets Écoles Bleues au Cambodge, les communautés ont été fortement impliquées dans le fonctionnement et l'entretien des installations EAH. Par exemple, elles contribuent à la fermeture des toilettes après la fermeture des écoles, à la réalisation des travaux de réparation et d'entretien et au suivi des stocks de savon aux points de lavage des mains. De plus, les écoles ont mis au point des solutions créatives, comme les « chaussettes en plastique », pour prévenir le vol de savon. Un autre avantage important de cette implication communautaire est la diffusion accrue des pratiques des Écoles Bleues au sein des communautés.
« Lorsque les enfants apprennent de bonnes pratiques EAH à l’école, ils bénéficient d’une meilleure santé et d’un meilleur bien-être, tant mental que physique, et ils apportent ces leçons apprises et ces pratiques à la maison, contribuant ainsi à l’éducation de leurs parents et de leurs communautés. »
Vice-gouverneur de la province de Banteay Meanchey
Le jardinage scolaire sensibilise les enfants aux enjeux environnementaux et climatiques
L'implication concrète des élèves dans le jardinage scolaire, la gestion des déchets, ainsi que les cours sur le cycle de l'eau et les pratiques de gestion durable des terres, les sensibilisent dès leur plus jeune âge aux interrelations complexes entre assainissement, santé et environnement. De manière ludique, les enfants apprennent à cultiver des légumes, à planter des arbres et à utiliser l'eau de manière efficace et durable en période de pénurie d'eau pendant la saison sèche.
Financement croisé des installations sanitaires par la vente des jardins scolaires bleus
Dans certaines écoles, les jardins scolaires ont connu un tel succès que les directeurs d’école ont pu générer des ressources financières supplémentaires grâce à la vente des produits – fruits, légumes ou même poissons – du jardin scolaire et de l’étang de l’école, qui ont ensuite été utilisés pour l’entretien des installations sanitaires.
Intégration d'experts du projet communautaire de réduction des risques de catastrophe dans les écoles bleues
L'un des obstacles au développement du volet environnemental des Écoles Bleues peut être le manque de connaissances et de principes fondamentaux sur le cycle de l'eau et la gestion des bassins versants chez les enseignants. Pour remédier à ce problème, les projets Écoles Bleues cambodgiens ont commencé à intégrer des experts en réduction des risques de catastrophe (RRC) dans les écoles. Cette initiative a été facilement mise en œuvre grâce à l'intégration du volet Écoles Bleues dans un projet communautaire plus vaste de RRC. Ainsi, enseignants et élèves ont renforcé leurs connaissances sur l'importance de la gestion durable des bassins versants supérieurs, moyens et inférieurs.
Amélioration de la résilience des écoles et des installations sanitaires face aux phénomènes météorologiques extrêmes
L'intégration des Écoles Bleues au projet communautaire de RRC a non seulement permis l'intégration d'experts en RRC, mais a également contribué à renforcer la résilience des écoles face aux phénomènes météorologiques extrêmes. La création de comités villageois de DDR, l'élaboration de plans intégrés de gestion des risques et la promotion de pratiques agricoles durables et respectueuses du climat ont préparé les communautés rurales et les écoles concernées aux phénomènes météorologiques extrêmes et aux risques climatiques.
L'expérience cambodgienne a démontré l'efficacité de l'approche École Bleue pour fournir de l'eau potable, des latrines bien entretenues et de bonnes pratiques d'hygiène, ainsi que pour inculquer aux élèves une solide compréhension des pratiques respectueuses de l'environnement qu'ils peuvent reproduire chez eux. Dans le cadre de la troisième phase du Consortium suisse pour l'eau et l'assainissement, actuellement en cours, les enseignements tirés de la phase pilote sont transposés et appliqués dans 45 écoles cambodgiennes.